Bécasse en vol

National 2012

Caza, Championne du National 2012

Trois semaines avant l’ouverture (25 et 26 août), les bécassiers du Québec se sont retrouvés pour le concours de chien d’arrêt sur gibier sauvage non tiré qu’ils appellent avec fierté « Le National bécassier ». Pour la sixième année consécutive, cette rencontre amicale de passionnés se déroule dans les montagnes laurentiennes de la Mauricie, près de la municipalité de Lac Édouard. Ce pays de forêts mixtes, de lacs et de rivières est sans conteste le royaume du roi orignal qui règne avec « panache » sur tous ses sujets grands et petits. Vous vous doutez sans doute que pour les aficionados de chiens d’arrêt, ce sont les petits gibiers qui nous intéressent. La bécasse et la gélinotte sont présentes, mais pas toujours faciles à trouver en été. Risquer le voyage pour se présenter et ne pas avoir de contact et ne pas se classer ? C’est le chalenge du National.

Cette année encore, une quinzaine de chiens ont répondu à l’appel. Les Setters anglais et Setters Gordon, Pointers anglais, Épagneuls bretons et Épagneuls français, Braque bleu d’Auvergne et Drahthaar étaient représentés. Brillaient par leur absence les pourtant populaires Griffons Korthal, Braques allemands, Braques français et Pudelpointer.

Les organisateurs, ainsi que les participants, souhaiteraient ardemment un plus grand intérêt de la part des clubs de race et des grands éleveurs à l’égard de cet événement, qui est le seul concours tenu sur gibier sauvage au Québec et qui est, somme toute, la projection véritable de la chasse pratique des petits gibiers naturels sur notre territoire.

C’est toujours agréable de se retrouver le vendredi soir à la pourvoirie Le Goéland, où le président du club des Bécassiers du Québec, Claude Poulin, et son épouse, Lyse, accueillent les participants et accompagnants dans leur chalet pour le souper de bienvenue. En cette période électorale, les discussions ont roulé très fort entre cynophiles, mais ce n’est pas de politique qu’il s’agissait, le sujet de l’heure étant la pertinence ou non d’homologuer le National. Doit-on ou non formaliser le concours en le soumettant à un organisme officiel qui l’encadrera? Le débat est passionnant, il y a des partisans de l’homologation et d’autres qui sont contre ce changement de cap. Tous sont cependant d’accord sur un point : si un jour, on décide d’opter pour l’homologation, l’âme de cette rencontre sur gibier sauvage doit demeurer et respecter le trophée perpétuel, remis chaque année et ouvré par des artisans dans le bronze, le fer et le feu. Tel est l’esprit du National du CBQ, de bronze de fer et de feu…

Le trophée du National est allé pour la 2e année consécutive à Caza des collines de l’Izars, Setter anglaise de Denis Verville, que l’on voit ci-dessous recevant le trophée et le certificat des mains du Président du CBQ, Claude Poulin (à droite) et des 2 juges, Ghislain Patry et Danny Leblanc.

D’ailleurs, au fil des ans, les chiens qui se sont classés lors du National témoignent d’une belle constance, ce qui démontre que l’objectif principal de l’événement, qui est de primer les meilleurs chiens bécassiers du Québec, est bel et bien atteint. Qu’il suffise de mentionner que Caza des collines de l’Izars, Setter anglaise de Denis Verville, a remporté le National pour une deuxième année consécutive en 2012, grâce à son travail exceptionnel dans le couvert, ses talents de trouveuse et son allure féline typique à la race. Tout comme le Braque français de Michel Blanc, Socrate du Mont Caugt s’était illustré à quelques reprises par son brio, ou encore Tché du Bayou de l’Aulnaie, dit Guizmo, Épagneul breton de Martin Gaudreau, qui a ravi le titre en 2009 par son parcours époustouflant, digne fils de sa mère Cayenne du Bayou de l’Aulnaie, elle-même classée au 3e rang du National en 2011 et 2012. C’est ça le National des bécassiers, un événement « qui pue la chasse » comme diraient nos cousins français. Un concours destiné à « trouver les chiens trouveurs », à voir travailler des chiens de chasse sur du vrai gibier et dans de vraies conditions de chasse pratique.

La photo ci-dessous a été prise lors du barrage race anglaise/ continentale. On y voit la championne, Caza des collines de l’Izars, avec son propriétaire-conducteur Denis Verville et Cayenne du Bayou de l’Aulnaie, classée 3e, avec son propriétaire-conducteur, Robert Morin.

C’est lors du repas du vendredi soir qu’a eu lieu le tirage au sort de l’ordre des départs, dont un départ en couple, réunissant un Setter anglais, Filson de Chambois, et un Setter Gordon, Billy Boy des Écots du Pré Fleuri, dit Athos, soit respectivement les chiens des bécassiers Rémi Ouellet et Bernard Zert, les autres participants ayant inscrit leurs chiens en solo.

Ci-dessous, les settermen, (de gauche à droite) Rémi Ouellet, Michel Gaucher et Denis Verville.

Une fois bien repus, les joyeux naufragés, oh ! pardon!, les joyeux bécassiers se sont retrouvés dans le chalet des juges où, au son des guitares et des chants marins, quelques braves ont chanté jusque tard dans la nuit…

Comme la chaleur persistante des derniers jours le commandait pour un concours de chiens d’arrêt, l’appel du matin fut fait dès 7 h. Les juges MM. Danny Leblanc et Ghislain Patry ont donné les directives de la journée et la caravane des voitures a pris le chemin du site du concours. La chaleur exceptionnelle enregistrée en 2012, conjuguée à la sécheresse sévère que l’on connaît, ont fait en sorte que les bécasses s’étaient retirées dans des endroits humides et secrets et que les gélinottes se lissaient leurs nouvelles plumes quelque part à l’ombre de massifs de résineux, à l’écart de la plupart des parcours…

Beaucoup de chiens ne se sont malheureusement pas classés dans les 30 minutes réglementaires, n’ayant pas eu de contact. Mais en sportifs et chasseurs accomplis, tous prenaient ça avec un grain de sel, car c’est bien évidemment la règle de la nature… comme à la chasse. À ce propos il y a un vieux dicton Montagnais selon lequel : « Si le gibier n’est pas ici, c’est qu’il est ailleurs ».

Une chienne s’est nettement démarquée lors du National 2012, il s’agit de la Setter anglaise Caza des collines de l’Izars, 5 ans, conduite par son propriétaire, M. Denis Verville. Ceux qui ont eu la chance de suivre son parcours de classement et son parcours de barrage ont rapporté qu’elle a impressionné les juges et la galerie. Cette chienne roule un train d’enfer sans casser de bois. D’une fluidité déconcertante, elle mange littéralement le terrain et semble glisser dans le plus pur style setter. Elle a bloqué une petite compagnie de 3 gélinottes, qui se sont fait surprendre par la vitesse de cette petite bombe. Les autres chiens classés sont ceux qui se sont démarqués comme trouveurs en arrêtant les quelques rares pièces de gibier rencontrées.

Si le gibier était rare pour le concours, il était fort présent dans les assiettes. Le samedi midi, à l’heure du pique-nique, le juge Patry avait préparé 2 terrines de gibiers cuisinées avec de l’orignal, de la bécasse, et du lagopède, et pour le banquet du soir, la traditionnelle tourtière présidentielle, cuisinée avec passion par Lyse Leblond, l’épouse du président Claude Poulin, contenait de l’orignal, de l’oie des neiges et du faisan. Nous nous sommes régalés de ces succulents repas, au risque de prendre quelques livres, ce qui n’est pas vraiment l’idéal avant l’ouverture… Après la remise des prix et du trophée, les juges Patry et Leblanc ont été unanimes pour dire que malgré la rareté du gibier, la qualité des chiens était au rendez-vous, tout comme la grande sportivité des conducteurs. S’ensuivit une soirée animée au cours de laquelle bien des bécassiers ont chanté avec entrain… encore une fois, au son des cordes des guitares et du banjolélé. Ce qui a d’ailleurs fait dire à plusieurs vieux routiers du chien d’arrêt qu’on retrouvait là l’esprit de camaraderie et de pur plaisir qui animait à l’époque les championnats nationaux de la défunte Fédération québécoise des clubs de chiens d’arrêt.

Malgré le fait que la faible densité de gibier observée cette année n’ait malheureusement pas permis de mettre tous les chiens en présence, le National 2012 fut une réussite sur toute la ligne. Et il ne faut jamais perdre de vue qu’il s’agit de gibier sauvage et que les parcours s’effectuent en véritables conditions de chasse pratique, et chacun sait que la nature obéit à ses propres règles.

Liste des conducteurs et des chiens

LISTE DES CONDUCTEURS ET DES CHIENS NOS GAGNANTS

1re Caza des collines de L’Izars, Setter anglais, Denis Verville
2e Sir Willow, Pointer anglais, Paul Brassard
3e Cayenne du Bayou de l’Aulnaie, Épagneul breton, Robert Morin

FIERS PARTICIPANTS

Tammy de la Dame des Bois, Épagneul breton, Luc Laflamme
Diva de Kiskissink, Épagneul breton, Luc Laflamme
Woodcockrun Gaële des Aulnes, Épagneul breton, Claude Poulin
Bacchus de la Bonnieur en Mai, Setter gordon, Bernard Zert
Billy Boy des Écots du pré Fleuri (Athos), Setter gordon, Bernard Zert
Plume du Lac Édouard, Braque d’Auvergne, Réjean Rioux
Ella du Marais Ombré (Louba), Épagneul breton, Robert Morin
Filson de Chambois, Setter anglais, Rémi Ouellet
Kafouille D’anjou, Épagneul français, Richard Pouliot
Gero Vom Willow Rock (Hogans), Drahthaar, Ghislain Patry

FUTUR CHAMPION (chiot de moins de 2 ans)

Moka Gaucher de Lewellin, Setter anglais, Michel Gaucher

C’est la passion qui nous fait avancer, une passion de la vraie chasse et des chiens d’arrêt, une passion de bronze de fer et de feu.

À l’année prochaine pour l’édition 2013 du National CBQ! Et ne manquez pas le numéro spécial du bulletin Le Bécassier, qui portera sur l’événement central du CBQ, Le National des bécassiers.